
Ce 14 Juillet Benjamin Mendy l’international français a été acquitté. Il était inculpé de viols et agressions sexuelles en Angleterre. Cela a fait couler beaucoup d’encre des deux côtés de la Manche. Certains sont contents du verdict, d’autres sont horrifiés….On ne m’a rien demandé mais je vais malgré tout essayer de vous résumer ce fait divers glauque et vous dire ce que j’en pense. Sit Back Relax.
- « Et si y a drah on peut toujours appeler Benjamin Mendy »

Sur le terrain Mendy était irréprochable. Formé au Havre, révélé à Marseille et passé par Monaco une saison, champion du Monde en 2018, Pro dès ses 17 ans le Français possède un palmarès bien garni : il a remporté quatre titres de champion d’ Anglettere, une Coupe et une Coupe de la Ligue avec le club de Manchester.
En dehors du terrain c’était diffèrent… José Anigo, ancien directeur sportif et entraîneur de l’OM, est revenu sur l’arrivée de Mendy sur le Vieux Port pour le journal L’Equipe, : «tout de suite, j’ai vu un garçon très attachant et très vite aussi, j’ai compris que rien n’était très sérieux à ses yeux. Pour lui, la vie est un jeu.» Selon BFMTV, le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps avait fait passer un premier message au joueur dès 2018 concernant son manque de sérieux. » Je ne désespère pas qu’il le fasse rentrer dans son cerveau, avait déploré Deschamps. À lui de prendre conscience qu’il doit prendre soin de son corps sur le terrain et en dehors. Il le sait, je lui ai dit. ».
Son agent Meissa N’Diaye, interrogé par le tabloid anglais Daily Mail reconnaît lui aussi à demi mots les problèmes de comportement de son client « je lui ai toujours dit qu’à un moment donné, il faudrait qu’il fasse un choix, car la discipline au plus haut niveau est quelque chose à considérer sérieusement. »
Enfin, Benjamin Mendy était réputé pour être un « addict de la fête » pouvant « se rendre à plusieurs soirées en jet privé », selon des propos recueillis dans son entourage par RMC Sport.
2. Un style de vie débridé.

Son arrivée à Manchester en 2017 ne va pas aider…A l’époque il est le défenseur le plus cher de l’histoire : les Citizens déboursent 52 millions de pounds pour s’attacher ses services. A la louche, c’est l’équivalent de 120 000 euros la semaine : le train de vie du jeune joueur va donc changer. Selon le média suisse Watson, « d’une «modeste» Mercedes AMG, il est passé à une Ferrari F12 Onyx Concept, (300 k pièces) d’abord la noire, puis la jaune. Ses coéquipiers ont fini par le convaincre d’acheter une Lamborghini Aventador. » Petit « détail » : Mendy conduisait sans permis ni assurance. Résultat la police britannique a fini par envoyer sa Lambo à la casse…. Le Français s’installe à Prestbury un village de moins de 4000 habitants à 40 minutes de Manchester. C’est le village des stars du football de la région. La valeur de son domicile était estimée à 5,6 millions d’euros. Sa position isolée n’a pas suffit à la protéger d’un voisinage casanier, d’où les plaintes ont afflué pour des musiques bruyantes et ou des feux d’artifice en pleine nuit. Malheureusement ce n’est pas cela le plus grave….
3. Les accusations ?

Les faits dont étaient accusés Benjamin Mendy se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021. Il était accusé par sept femmes de viols et d’agressions sexuelles lors de fêtes organisées à son domicile ou dans un appartement loué à Manchester. « Effarants », « glaçants », « odieux »….Les relais des témoignages qui ont filtrés ont provoqué les mêmes réactions dans la presse. Lors du procès le procureur Timothy Cray s’est notamment fait l’écho du témoignage de l’une des sept victimes. Celle-ci dit avoir exprimé son refus d’avoir des rapports sexuels à plusieurs reprises, alors qu’elle se trouvait dans la salle de cinéma privée de la résidence du joueur. La victime « continuait à faire comprendre qu’elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles pendant qu’il la violait », a ajouté le magistrat. Lors de ces journées d’audience, les jurés ont également entendu comment Mendy se comportait après ses « méfaits » « Il m’a tiré la tête vers le bas et a gardé sa main sur ma tête. Il m’a forcée », a expliqué une des plaignante, en pleurs, lorsqu’elle a été interrogé sur la fellation qu’elle lui aurait prodigué. Puis de révéler avoir reçu un SMS le lendemain matin de l’international français lui disant de « ne pas oublier sa pilule ». Il y a aussi eu la nuit du 23 au 24 juillet 2021. Benjamin Mendy avait organisé une fête autour de sa piscine, avant de se rendre dans une boîte de nuit de Manchester. Le sportif était accusé d’avoir commis trois viols au cours de cette soirée ! Un à son domicile et deux dans la discothèque. L’une des plaignantes, alors ivre, rapporte s’être retrouvée sur un canapé, sur le ventre, les bras retenus derrière le dos. Elle affirme que Benjamin Mendy lui répétait de ne pas bouger tandis qu’il la violait... Lors du procès, l’accusation a décrit Benjamin Mendy comme un « prédateur » ayant abusé de victimes « vulnérables, terrifiées et isolées ». Il a qualifié le footballeur de « violeur en série » en concluant : « la célébrité est une très bonne couverture pour cacher le côté obscur de sa vie ».
4. Paroles VS Paroles.

Ched Evans. Joueur de football gallois condamné à cinq ans de prison en 2012 pour viol. Barry Bennell. Ancien entraîneur de football, qui a écopé de 31 ans de prison pour 50 chefs d’accusation de viols, tentatives de viols et agressions sexuelles sur mineurs. Richard Holden, homme politique britannique accusé d’agression sexuelle. L’acteur Johnny Depp accusé de violences conjugales. Le point commun de tous ces délicieux messieurs ? Tous ont été représentés par l’avocate Eleanor Laws. C’est elle qui est parvenu à obtenir l’acquittement du jeune français. Madame Laws est connu dans le « circuit » pour sa discrétion, la qualité de ses contre-interrogatoires et sa pugnacité. Ici, sa stratégie pour gagner était simple : remettre en cause systématiquement les accusations et déclarations des plaignantes et cela a fonctionné. Ainsi selon le podcast Code Source du Parisien « l’avocate très offensive a déterré des conversations Whatsapp entre deux plaignantes qui affirmaient pourtant ne pas se connaître. » . L’avocate diffusera aussi des vidéos de ces fameuses soirées où l’on voit ces jeunes femmes danser et s’amuser. Et elle demandera aussi pourquoi l’une d’entre elles est retournée plusieurs fois chez Mendy après avoir été violé.
« Leurs dépositions ont été une myriade de mensonges et d’incohérences, jonchées d’omissions (…) C’est du parole contre parole. Il n’y a aucune preuve évidente », a-t-elle déclaré face au juge, avant d’avancer que leurs témoignages « ne peuvent pas être considérés comme fiables », puisqu’elles auraient « de multiples raisons de mentir ». Les jurés du procès (4 femmes et 8 hommes) ont été invités par le juge Steven Everett à ne pas adopter une approche «moraliste» lors de l’examen des verdicts. Je pense que le profil des victimes ( on l’a écrit plus haut certaines sont retournées chez le français après le viol) a pesé dans la balance. Enfin surtout comment prouver le viol ? Puisque c’est souvent parole contre parole. En droit pénal, le doute profite toujours à l’accusé. Ainsi en France, selon l’Observatoire International des Prisons « les deux tiers des affaires sont classées sans suite par le parquet« , explique Véronique Le Goaziou, sociologue de la délinquance, chercheuse associée au Lames – CNRS. Parfois parce que les faits sont prescrits mais le plus souvent parce que l’infraction ne peut être suffisamment caractérisée. En clair : la justice manque d’éléments pour poursuivre l’agresseur présumé.
5. ET MAINTENANT ?
« Al Hamdulila » (« Dieu soit loué ») C’était la première déclaration de Benjamin Mendy après le verdict favorable. Beau message mais ce n’est pas suffisant. Il en faut plus pour mettre le cauchemar qu’il a vécu (et surtout qu’il a fait subir aux autres) derrière lui. Benjamin Mendy a récemment perdu son père et sa mère. Il vivait loin de ses proches. Surtout, il avait quitter les terrains depuis près d’un an pour le banc des accusés et les cellules des prisons de Liverpool et de Manchester, où il a passé plus de quatre mois en détention provisoire. Libéré début janvier, il avait été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès.
Se précipiter de signer à Lorient dans le championnat français quatre jours après son verdict favorable n’est pas une bonne idée. Pour sa santé mentale et (sa paix intérieure ?) Mendy devrait selon moi consulter un thérapeute. Sans vouloir l’excuser, chacune de ses prises de paroles lors de ce procès prouvent qu’il a un problème. Le 7 novembre 2022 pour la première fois depuis le début de l’audience, Mendy prenait la parole pour donner sa version des faits « Dans ma vie sociale, il y a beaucoup de choses que j’ai mal faites. Mais je n’ai rien fait de mal avec les femmes », lâchait-t-il. Autre perle, cet été il déclarait à la barre : « je ne suis pas Brad Pitt » ! Avant d’ expliciter : « je sais que les femmes ne viennent pas vers moi pour mon style, mais parce que le football donne accès à plein de choses. Franchement, c’est si facile de rencontrer des filles et d’avoir des rapports sexuels. Si elles voulaient du sexe et moi aussi, tout était OK. Ensuite, je continuais à faire la fête.« Le plus déroutant reste la justification de son comportement… « Ça peut paraître bizarre de le dire ici, mais j’ai grandi avec cette façon de faire au centre de formation, où c’était normal d’avoir des rapports sexuels avec plusieurs femmes la même nuit.« Certains ont vu dans ces déclarations, le comportement d’un psychopathe (parce que dénué d’empathie) égocentrique et incapable de se remettre en question. Comment ne pas se ranger de leurs côtés ? Il n’a jamais eu de mots pour les victimes alors qu’il risquait la perpétuité… J’ai vu aussi le discours d’un produit de son environnement : le monde professionnel du football. Ces gosses plongés dans les centres de formation, à peine entré dans l’adolescence, goûtent à l’argent, sont confrontés à la compétition (entre eux) aux demandes constantes de performance du club et parfois aux immenses attentes de la famille et des amis. Difficile dans ces conditions de se construire, d’apprendre à se connaître et de respecter les autres. Ce n’est pas ce qu’on leur demande : ils doivent être performants aux entraînements et aux matchs. Point. Ainsi Pep Guardiola, le coach de Benjamin Mendy à Manchester interrogé lors du procès sur le joueur a répondu cyniquement « je contrôle mes joueurs à l’entraînement, je ne sais pas ce qu’ils font dans leur vie privée. Je ne suis pas leur père. » Au moins c’est clair.
Mendy représente-t-il un comportement habituel chez les « footeux » ? Notons que les témoignages recueillis à son procès citent de nombreux autres footballeurs rencontrés à son domicile ou dans des soirées qu’il organisait. Il est notamment avéré que Kyle Walker, Jack Grealish, Riyad Mahrez, John Stones et Raheem Sterling, entre autres joueurs de Manchester City, ont participé aux « fêtes » de Mendy. Celui-ci interrogé ensuite de manière très serrée par l’avocat des jeunes femmes, a reconnu qu’il avait fait « l’amour à des femmes qu’il ne connaissait pas et qui parfois venaient de coucher avec un ami. » Le libertinage n’est certes pas interdit par la loi mais tout cela n’est pas très sain…
Enfin, dépassons un temps le cadre du football. Si on arrêtait avec l’ omerta ? Apparemment « tout le monde savait » pour PPDA, pour DSK, pour Weinstein et pour Mendy. Si on apprenait aux jeunes hommes que les femmes ne sont pas des objets à disposition dès lors qu’on a de l’argent et/ou de la notoriété ? Si on arrêtait de dire aux jeunes femmes qu’elles doivent être « dociles », « bonne à marier » ou être des « bad bitches » indépendantes ? Apprenons à respecter les gens et surtout respectons nous.
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