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MENTEURS ET MYTHOMANES : TANT D’ « M »

«Bobards », « histoires », « mythos » : le mensonge fait partie de notre quotidien à différents degrés. Qui ment le plus ? Vivons-nous une période où il y a plus de mensonges ? Analyse.

Tout le monde ment. Georges Bush voit des armes de destructions massives, Tapie «ment de bonne foi», Bill Clinton n’a jamais eu de relations avec Monica Lewinsky…Les grands de ce monde n’ont pas le monopole. Constamment, nous oublions, nous cachons, nous flattons, nous nous mettons en avantEn un mot : nous mentons. Depuis la nuit des temps cela a toujours existé dans toutes les civilisations. Mieux « le mensonge est indispensable à la vie sociale selon Claudine Biland auteur de Psychologie du menteur, paru chez Odile Jacob. Sans le mensonge la vie serait insupportable ». Pas besoin d’exemples, on appelle cela aussi la sollicitude, les bonnes manières ou la charité ! Le mensonge huile considérablement les relations sociales. Elle en profite au passage pour éclairer un malentendu très répandu ces jours ci . « Dire ce que l’on pense ce n’est pas forcément dire la vérité souligne-t-elle Le contraire de dire la vérité n’est pas forcément le mensonge.» C’ est toujours bon à savoir : les partisans du « parler vrai » mentent aussi…

Tapie Tous égaux devant le mensonge mais…

En ces heures où l’on évoque la discrimination positive, Claudine Biland nous rassure : nous sommes tous égaux devant le mensonge ! «Il y a peu d’études là dessus » nous explique la chercheuse en psychologie sociale. « Il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes en quantité. » Même le monde de la nuit qu’on imagine plus disposé aux sirènes du mensonge est aussi semble t-il épargné. Frédéric Taddeï, présentateur l’émission culte Paris Dernière sur la chaîne Paris Première estime qu’on croise autant de mythomanes le jour que la nuit. « Disons que la nuit ils se sentent plus libres » reconnaît-il. « Ou ils pensent qu’on ne leur en voudra pas. » Et dans l’univers de la télévision ? « Pas tellement », selon lui. Pas de corporatisme chez lui « Je reproche le manque d’imaginations aux gens de télé » explique t-il. «Pour être un mythomane il faut de l’imagination.» Bien vu.

Par contre, selon lui, un milieu fourmille de mythomanes : la littérature. « C’est bien. » Dit-il enthousiaste. « J’aime beaucoup les gens qui inventent des mondes : c’est le métier de l’écrivain ! François Mauriac disait ‘L’écrivain est le singe de Dieu’. » Ce « défaut » chez les écrivains ne le gène pas du tout. « Il y a des tas d’écrivains qui s’inventent des femmes fabuleuses qui leur tombent dans les bras par exemple ! Je ne suis pas le genre de personne qui se demande si Blaise Cendars avait effectivement pris le Transsibérien. L’important pour moi c’est qu’il nous y ait emmené. » Frédéric Taddeï termine sa démonstration en mentionnant l’inénarrable Bernard Lavilliers ! « Est-ce qu’il a vécu tout ce qu’il dit ? Bien entendu non ! », s’amuse t-il. « Lorsque je l’interview je m’amuse énormément de ce qu’il me raconte. Par contre ses chansons m’emporte mais je n’irais jamais chercher la petite bête. » Claudine Biland face à notre grande insistance va céder : oui dans le mensonge des gens sont plus doués que d’autres ! « Ce sont tout les métiers de communication. » Lâche t-elle amusée. « Comédiens, hommes politiques, journalistes…Les gens qui a priori manient bien la communication sont des gens qui peuvent être des meilleurs menteurs que les autres. Je ne dis pas que ce sont des menteurs !» Quand même !

Georges Bush ou la personnification du mensonge d'Etat

Mytho Man a plus de pouvoirs que Menteur-man

Menteurs et menteuses de France réveillez-vous : la calomnie a assez duré ! En effet, le marseillais qui « magnifie » une histoire ou le vantard, sont désignés à tort comme des « mythos». Le menteur sait pertinemment qu’il ne dit pas la vérité. Alors à partir de quel instant franchit-on la frontière où le mensonge devient une pathologie ? « Dans tout comportement humain la frontière est très étroite» explique Claudine Biland. «On peut basculer dans la folie un moment sans pour autant être fou. La mythomanie ça existe et c’est très rare. Cela n’a rien à voir avec les petits mensonges de tout les jours.» La confusion dans les terminologies au-delà du langage « djeunz » montre à quel point on connaît mal cette maladie. D’abord les ouvrages qui l’abordent ne sont pas légions ni très accessibles au grand public. Ce qu’il faut savoir ? La mythomanie n’est pas seulement l’action de mentir. C’est un véritable déséquilibre entraînant l’élaboration de récits d’événements et d’actes qui n’ont pas eu lieu mais que le malade fait croire aux gens. Exemple ? L’affaire de la fausse agression du RER D. Cette femme a fait croire qu’elle s’était faite lyncher par des jeunes de banlieue en pleine journée dans le RER. Elle a lacérée ses vêtements et a dessiné toute seule des croix gammées sur son ventre. Une malade.

Clinton

Vérité Nulle Part. Mensonge Partout

Sommes nous dans une époque favorable aux mensonges et aux « mythes » ? «Ce qui me chagrine aujourd’hui» explique la psychologue sociale, « c’est la volonté des politiques ou des journalistes de transparence. On entend tout le temps ‘il faut dire la vérité aux Français’, ‘il faut être transparent’,… » Pour elle, plus on est dans cette situation où on veut de la transparence et plus évidemment on a recours au mensonge ! De son coté, Taddeï estime que la société actuelle a beaucoup de mal avec le réel. « On aime les mythes explique t-il « nous vivons entouré de mythes : tout ce à quoi on nous fait croire et ce à quoi les journalistes ont fini par croire.» Par exemple pour la lui la France vit dans le mythe qu’elle vit dans un pays dangereux. « C’est totalement faux » s’indigne t-il. « La petite délinquance a augmenté mais la grosse délinquance a baissé. Il n’y a plus de prises d’otages, il n’y a plus d’attaque de banques ! Avant on se tirait dessus dans les rues. Les gens ont oublié qu’il y a trente ans il n’avait pas deux voitures, trois chaînes hi-fi, quatre télévisions et un ordinateur ! Ils sont persuadés qu’avant ils étaient plus riches. C’est faux. »

Finalement le mensonge comme toutes (les bonnes ?) choses doit être géré avec parcimonie. On l’a dit au début, tout le monde ment et cela depuis toujours. Ce n’est donc pas cela le plus dérangeant. Se rendre compte qu’on a été abusé voilà le souci. Mais si on part du principe que tout le monde ment, on devrait se mentir à nous-mêmes pour éviter d’être fâché par la réalité…Cela c’est une autre histoire.

Claudine Biland, chercheuse en psychologie sociale et auteur de Psychologie du menteur, paru chez Odile Jacob. Psychologie du menteur

Frederic TaddeïFrédéric Taddeï présente Paris Dernière sur Paris Première.

6 réponses sur « MENTEURS ET MYTHOMANES : TANT D’ « M » »

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