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[SON] KENDRICK LAMAR : THE BLACKER THE BERRY

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K. Dot revient avec l’explosif titre The Blacker The Berry

Le mois de février aux Etats-Unis est le Black History Month. De nombreux artistes profitent de cette période pour évoquer leurs racines, les accomplissements, les anciens et les nouveaux combats. Ainsi, il y a quelques jours un artiste de Los Angeles (Damani Nkosi d’Inglewood sur le puissant Stay Black ) rendait hommage à ce mois dédié aux Afro-Américains qui, ironie du sort, est le plus court de l’année. Cette nuit, c’est Kendrick Lamar qui s’est lancé. Alors qu’il vient de remporter deux Grammys et que l’Amérique s’est gaussé des élucubrations de Kanye West, le petit rappeur de Compton revient avec du sérieux. Dans le forme, ce titre est radicalement opposé au lumineux et optimiste titre I.  L’instru de The Blacker The Berry produite par Boi-1da sent l’urgence.  Le beatmaker canadien amène une ambiance sombre qui rappelle certains titres de EFIL4ZAGGIN de N.W.A comme par exemple Alwayz Into Something. Ce sentiment est renforcé par le refrain exécuté par l’artiste de dancehall Assassin. Seule la conclusion jazzy du multi-instrumentiste Terrace Martin permet de sortir de ce sentiment d’ « oppression ».

Le titre The Blacker The Berry de K.Dot a-t-il plusieurs niveaux de lecture ? Est-ce un clin d’ oeil au roman The Blacker the Berry: A Novel of Negro Life  de l’auteur de l’Harlem Renaissance Wallace Thurman ? Le rappeur de Compton fait-il une référence à l’expression populaire « the blacker the berry, the sweeter the juice »  chez les Noirs Américains qui en gros veut dire que plus la personne est foncée, plus elle a de la « saveur » ? Aucune idée. En revanche, les trois « seize mesures » du rappeur sont très explicites. « I’m the biggest hypocrite in 2015. Once I finish this, witnesses will convey just what I mean » ! Voilà comment Kendrick entame ses deux premiers couplets.

C’est un procédé assez habile de la part du rappeur de 27 ans. D’abord cela lui permet de couper l’herbe sous les pieds aux éventuels détracteurs. Ensuite il évite de se positionner en donneur de leçons et enfin il peut répondre aux violentes critiques suscitées par son opinion controversée sur l’affaire Ferguson dans le magazine Billboard.

Kendrick dans les deux premiers couplets énumère toutes les frustrations qu’un Noir peut ressentir en Amérique : le racisme bien sûr, l’appropriation de la culture Noire, la concentration dans les ghettos (« You sabotaged my community, makin’ a killin ») la stigmatisation,  l’aliénation par la religion (« Church me with your fake prophesyzing »), les clichés sur le physique ( « My hair is nappy, my dick is big, my nose is round and wide ») et les aprioris…Dans le dernier couplet, Kendrick s’adresse cette fois directement à l’auditeur : « I’m the biggest hypocrite in 2015 When I finish this if you listenin’ I’m sure you will agree » . Kendrick raille les clichés sur identité noire américaine » (soutenir la chaîne BET ou fêter le Black History Month) et se fait le porte voix des contradictions d’une certaine partie de la communauté afro-américaine : comme par exemple pleurer le décès de Trayvon Martin mais être indifférent aux meurtres liés aux gangs. Kendrick  reste donc fermement sur son opinion exprimée début janvier dans le magazine Billboard

Nul doute que The Blacker The Berry  va faire réagir et provoquer des discussions intéressantes. Que Kendrick Lamar aussi tôt dans sa carrière choisisse de se  lancer dans de tels débats témoigne d’un grand courage et en dit long sur le personnage et son statut dans le Hip-Hop américain.   

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