Voici les histoires vraies d’un Guadeloupéen et d’un Sénégalais morts dans des circonstances étranges dans deux commissariats d’ Île-de-France. En 2015.
Personne n’en parle ? Normal. Déjà l’un d’origine sénégalaise s’appelait Amadou Komé et l’autre Pierre Cayet était Guadeloupéen. « Pierre et Amadou » ? Soyons sérieux. Eric Garner ! Rodney King ! Freddie Gray ! Michael Brown ! C’est plus efficace. Pas « Pierre et Amadou ». Désolé. Amadou Komé est mort dans un commissariat du X arrondissement de Paris et Pierre Cayet dans celui de Saint-Denis. Bon. Le dixième, Saint-Denis, 9.3. etc c’est pittoresque. Soit. Mais cela n’a pas le cachet d’un Ferguson dans le Missouri , Baltimore dans le Maryland ou Staten Island à New York ! Soyons honnêtes l’Amérique reste le pays référence de l’entertainment. Eux offrent du grand spectacle : fusillades (dans le dos ou à bout portant), passages à tabac, étranglements, parfois même c’est filmé… Incroyable ! En revanche, les Américains négligent souvent le scénario. A part l’excellent récent cas de Tamir Rice ( tiré sur un gosse de douze ans il fallait y penser !) c’est toujours la même histoire. Messieurs les Yankees, le profil du gars « violent-avec-un passé-de-délinquant » vous nous le servez depuis Rodney King en 1991 !
En France on n’a peut-être pas de moyens mais on sait encore raconter de belles histoires. Le vendredi 6 mars vers minuit Amadou Komé est appréhendé dans un bar prés de la gare du Nord, par les policiers du 10e arrondissement. Selon eux, ce père de famille de 33 ans originaire de Saint-Quentin, dans l’Aisne, tient des « propos incohérents », explique une source judiciaire au journal Le Parisien. Autre info donnée par le journal Libération les premières expertises toxicologiques révèlent qu’Amadou Koumé aurait pris de la cocaïne. « Une prise significative et assez proche du décès », souligne le rapport. Si la drogue peut expliquer le comportement agité de la victime et ses propos incohérents quid de l’œdème pulmonaire à l’origine du décès ? C’est l’exception française môssieur ! Lors d’interpellations, la Police Nationale applique des méthodes d’immobilisation assez efficace comme Amadou Komé a pu le constater. On peut par exemple étrangler la personne qui se trouve au sol, pendant qu’un autre lui comprime la cage thoracique en appuyant fortement son genou dans le dos. Résultat ? La famille Koumé reçus par les enquêteurs trois jours après les faits, ne connait toujours pas les résultats de l’autopsie. La sœur d’Amadou Koumé souligne la présence d’un cocard sur le visage et de traces sur la gorge constatées lors de la reconnaissance du corps. Le parquet de Paris a demandé de nouvelles analyses et l’IGPN la police des polices mène l’enquête. D’un coup on passe d’un épisode du Commissaire Moulin au Château de Kafka. Si l’Américain assume son côté « cow-boy » et parfois n’hésite pas à relaxer les policiers incriminés, en France on est plus fin. On ne vous dit pas qu’il n’y a pas eu de bavure. Non, on vous explique poliment que la Police des Polices (l’IPGN) doit enquêter avant de tirer toute conclusion. L’élégance française….
Le même scénario, tout en finesse a été appliqué au cas de Pierre Cayet. L’IGPN, l’Inspection générale de la police nationale, a ouvert une enquête après la mort de cet homme de 54 ans après une « altercation » avec des policiers au commissariat de Saint-Denis le 25 avril. Tout est parti d’un simple contrôle routier sur l’autoroute A1. Les CRS le verbalisent car il circule en état d’ébriété. Le véhicule est immobilisé et Pierre Cayet repart libre dans un taxi. Selon le parquet de Bobigny, rapporté par Le Parisien, l’automobiliste s’est présenté au commissariat de Saint-Denis, pour réclamer des papiers et ses médicaments laissés à l’intérieur du véhicule immobilisé. On lui refuse. Jusque là on s’ennuie ferme. Voici le coup de théâtre. Selon la police, Pierre Cayet a voulu s’en prendre à un des policiers « qui l’a repoussé avec la paume de la main », ce qui a provoqué sa chute. « Par malchance, il est tombé à la renverse et l’arrière de son crâne a heurté l’arrête du trottoir ». Ah l’humour français ! » Repoussé avec la paume de la main » ? « Par malchance » ? Curieusement, son frère qui rapporte le témoignage de la petite amie de Pierre Cayet ne trouve pas cela drôle.
Des Antillais qui ne veulent pas rire ? Des Africains qui veulent intenter des procès ? Tout fout le camp ma bonne dame. Heureusement qu’ils sont Noirs, qu’ils n’ont pas de noms anglophones, que les médias ( à l’exception du Parisien qui a sorti un mois après son décès l’histoire d’Amadou Komé) font le minimum et surtout que – presque- tout le monde s’en fiche royalement. Dieu merci nous ne sommes pas aux Etats-Unis.
4 réponses sur « PIERRE et AMADOU entrent dans un commissariat…. »
A reblogué ceci sur Chronik de Nègre(s) Inverti(s)et a ajouté:
A lire sur la mort de deux hommes noirs dans les commissariats de France en 2015…
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A reblogué ceci sur La Toile d'Almaet a ajouté:
En France aussi, la police tue! Paix à leurs âmes.
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[…] nous ? Moi, j’ai écrit un petit article au mois de mai dernier puis je n’en ai plus parlé. Le samedi 30 mai près de 800 personnes ont défilé dans les […]
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[…] Pierre Cayet, un guadeloupéen de 54 ans, en 2015 meurt en « tombant par malchance à la renverse » sur le trottoir d’un commissariat de Saint-Denis. L’IGPN mène peut-être […]
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