L’acteur haïtien Jimmy Jean- Louis était à Paris au début de ce mois pour présenter son documentaire Jimmy Goes To Nollywood dans le cadre du Festival Nollywood Week. Rencontre avec ce Heroes ( got it ?) discret qui veut faire briller le cinéma africain.
Le monsieur tient la forme. La poigne ferme, le regard perçant et le sourire franc il « préfère s’asseoir dans l’escalier ». Comme vous voulez. « On se tutoie non ? c’est plus facile ! » Cool. Posé sur les marches du cinéma l’Arlequin prés de Montparnasse, l’enthousiaste quadra va parler durant trente petites minutes de sa passion : le cinéma. Jimmy Jean-Louis a « explosé » il y a (déjà) dix ans en incarnant l’énigmatique Haïtien dans la série Heroes. En plus de sa carrière honorable, Jimmy Jean-Louis amène une nouvelle pierre à l’édifice : un documentaire sur Nollywood, l’industrie cinématographique nigériane deuxième producteur mondial. Ici, il revient sur son parcours, donne son regard lucide sur Nollywood et confie son rêve de représentativité pour les Noirs et l’Afrique dans le cinéma mondial.
Jimmy Goes To Nollywood est ton premier film en tant que réalisateur. Tu es dans l’industrie du cinéma depuis un moment qu’est-ce qui t’as fait sauter le pas ?
Je suis un acteur avant tout bien sûr. J’ai réalisé ce documentaire parce que j’ai
pensé qu’il était nécessaire de parler de Nollywood. Vu que j’avais l’opportunité
d’aller au Nigéria dans de très bonnes conditions durant une semaine, entouré des
producteurs, des réals et des acteurs,… Je me suis dit « pourquoi ne pas profiter de
cette occasion et en faire quelque chose ? «
Les rôles que tu incarnes sont souvent sérieux ou assez sobres. Ici on te découvre dynamique et avec un certain sens de l’humour…
Je suis un acteur, je ne fais qu’incarner les rôles : ce n’est pas moi. Dans la vie de
tous les jours je suis probablement plus comme dans le documentaire ! Je voulais
parler de choses sérieuses de manière détendue. Cette touche de « comédie » est venue
naturellement. Ce n’était pas fait exprès même si au montage on a quand même fait en sorte
de garder ces moments drôles ou « punchy ».
J’ai observé dans ta filmographie que tu tournes dans Nollywood depuis 2010. Comment as-tu découvert ce marché ?
Cela s’est fait par hasard. Depuis 2002 j’ai joué plusieurs personnages nigérians. Par exemple dans Les Larmes Du Soleil avec Bruce Willis et Monica Bellucci je tenais le rôle d’un Nigérian. En 2005 ou 2006 j’ai joué dans le film Phat Girlz avec l’actrice Mo’nique ou là également j’étais un Nigérian.
Vu que ce film a eu pas mal de succès aux Etats-Unis et que cela représentait un Nigérian plutôt positif, la Fox qui distribuait le film a organisé une avant-première du film au Nigéria. C’est comme cela que j’ai découvert ce pays et que j’ai constaté que beaucoup de Nigérians m’avaient adopté car ils pensaient que j’étais Nigérian ! (Rires)
Tu t’es appliqué dans ce documentaire à montré les deux aspects de Nollywood. Le côté « miracle africain » mais aussi le problème de piratage, le manque de structure, le jeu d’acteur parfois faible etc...
Je suis très optimiste mais je voulais aussi montrer la réalité des choses. Certaines personnes pourront dire que je suis parfois très dur mais c’est la réalité. Je montre surtout la progression et le potentiel incroyable de ce marché. Le plus important était de finir sur une touche positive car Nollywood ne peut que progresser.
Une industrie de 20-25 ans ce n’est rien du tout. Avant qu’Hollywood devienne ce qu’elle est aujourd’hui cela a pris des années. Nous devons être patient. Certains films présentés au Festival Nollywood Week de Paris sont supers. J’espère que des vraies structures vont se mettre en place pour créer une vraie industrie. Le but est d’éduquer le monde sur l’Afrique ! Il y a bien quelques films où des occidentaux montrent leurs visions de l’Afrique mais en fait on ne connait rien ! On ne connait pas les spécificités des pays, les langues, les traditions, les héros, les civilisations…Ce sont toutes ces choses que l’on doit encore faire découvrir. Le travail de nombreux intellectuels sur toutes ces questions prendra beaucoup de temps avant d’arriver à la masse. Si Nollywood se met au niveau, dans cinq ou dix ans le monde entier connaîtra un peu mieux l’Afrique.
Dans le film un intervenant explique que Nollywood représente « un espoir pour tous les Noirs ». Par ton parcours tu personnifies cette phrase : tu es un Haïtien qui a vécu en France, tu travailles aux Etats-Unis et aujourd’hui tu réalises un documentaire sur le cinéma africain.
C’est vrai je n’avais pas vu cela comme ça. Je comprends et je ressens pleinement le fait d’être Noir. Je suis Haïtien, j’ai grandi à Haïti et je suis arrivé à Paris. J’ai aussi eu la chance de jouer dans le téléfilm Toussaint Louverture qui parle de l’accession d’Haïti à son indépendance. Cela m’a beaucoup touché en tant qu’Haïtien. J’ai un petit peu vécu en Afrique du Sud et j’ai même eu la chance de rencontrer Mandela. Je travaille aux Etats-Unis où je suis amené à côtoyer des Noirs Américains. Bref, je pense que j’arrive à comprendre les différences et surtout ce qui réunit les Noirs du monde entier. Il y a un désir commun de représentativité ! Tout cela me donne une pêche pour continuer de me bagarrer et aller de l’avant.
J’ai vu que la série Heroes allait reprendre. Peux-tu nous en parler ?
Oui ! C’est une année assez sympa pour moi. Je vais jouer dans Joy un film avec Jennifer Lawrence et Robert De Niro qui sortira le 25 décembre aux Etats-Unis. Ensuite il y a le retour de Heroes et l’Haïtien revient ! Comme on a déjà commencé à tourner je peux le confirmer. Si tout va bien, la série reviendra plus forte qu’avant car ils ont eu quatre ans pour vraiment remanier les choses et partir sur la lancée de la première saison.
2 réponses sur « JIMMY JEAN-LOUIS : « LE BUT EST D’ÉDUQUER LE MONDE SUR L’AFRIQUE ! » »
[…] Le moins charismatique de nos cinq acteurs est pourtant un des plus actifs avec pas moins de vingt films à la ceinture. Dés 1997, il se retrouve à l’affiche d’ Amistad de Steven Spielberg. Ensuite il est dirigé par les plus grands (comme Stephen Frears, Woody Allen, Spike Lee…) et se frotte à Denzel Washington dans Inside Man et American Gangster. 12 Years Of Slave est bien entendu son plus grand rôle. Malgré cette belle carrière hollywoodienne Chiwetel n’hésite pas à encore travailler avec Nollywood. […]
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[…] mais aujourd’hui c’est la musique africaine qui s’exporte le mieux. Comme avec Nollywood, dans le cinéma, les nigérians se sont d’abord imposés chez eux, ensuite dans la […]
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