LE BLACK ET LA PLUME

La Culture Since Forêveur.

LE DERAPAGE (contrôlé ?) de LIBÉ.

Il y a quelques jours, le rappeur Booba s’est une nouvelle fois attaqué à Mehdi Maïzi, l’animateur et responsable Hip-Hop de la plateforme Apple Music. Le quotidien Libération, pour dénoncer cette attaque, a profité pour lâcher son fiel sur le « milieu Hip-Hop ». On ne m’a rien demandé, mais je vous donne quand même mon avis sur cette sortie de route.

Petit résumé. Mardi 9 janvier Mehdi Maïzi, responsable Hip-Hop de la plateforme Apple Music, publie sur son compte Twitter une preview de son prochain entretien avec l’artiste Serane. Instantanément, le même jour, Booba enchaîne sept tweets (oui, il est comme ça…) pour vilipender l’animateur à l’aide de photos-montages, de captures d’écrans et de sous-entendus sur sa vie privée. Le lendemain (10 janvier) il remet cela avec une nouvelle série de tweets. Le 12 janvier, Mehdi Maïzi, l’animateur « mis en cause » par Booba, prend la parole sur Twitter. En quatre paragraphes clairs, sans citer l’agresseur, il condamne les attaques sur sa vie privée. Le même jour, un journaliste de Libération, va utiliser son journal pour vomir sa bile.

Son article commence par une erreur factuelle. Dès le chapeau, il écrit « le rappeur et ses soutiens ont ces dernières semaines mené une campagne d’ harcèlement. » Faux. Booba a commencé à s’en prendre à Mehdi Maïzi mardi 9 janvier, donc trois jours avant la publication de cet article et non pas « ces dernières semaines ». Pour info, le début de l’ inimitié entre l’animateur et le rappeur remonte à au moins trois ans. La raison ? Dans son top album de rap français pour l’année 2021, Mehdi avait omis de mettre l’album de Booba et de ses artistes : pour le duc de Boulogne, c’est un crime de lèse-majesté.

Revenons en 2024 et à l’article. Le journaliste fustige les conséquences du débordement de Booba en s’en prenant à « l’industrie rap ». Ah. Qui est « l’industrie rap » ? Skyrock la première radio rap en France ? Mouv la radio du groupe Radio France qui, depuis 2015, est centrée sur la culture Hip-Hop ? La major Universal ou le gros label Because qui distribuent la musique et les artistes de Booba ? Non. Le téméraire journaliste s’en prend courageusement au site Hyconiq qui a eu l’erreur (reconnaissons-le) de reprendre l’info que Booba «annonce la création d’un nouveau média ». Le journaliste se fourvoie une nouvelle fois en réduisant Hyconiq à un simple « fourre-tout tendance Closer du rap« . Une rapide recherche sur Google aurait permis de constater que Hyconiq Mag est également une page Youtube qui existe depuis dix ans avec plus de 300 vidéos (dont certaines à plus d’1M de vues) qui décortiquent avec brio la pop culture. Plus loin, le journaliste clame « une énième preuve que l’industrie rap, lorsqu’elle flaire l’occasion de générer de l’argent ou du flux sur ses médias dédiés, n’hésite pas à recracher les pires âneries qu’on lui souffle à l’oreille. » Il n’y avait plus de tisane chez Libé ? Toujours cette « industrie rap », cette nébuleuse qui, selon lui, « génère du flux ou de l’argent. » Qui est « on » ? Il n’en dit rien.

Plus loin dans l’article, le journaliste très remonté évoque « l’industrie médiatique rap ». C’est un petit peu plus précis. « personne ne bouge ou presque, tout le monde la ferme. Booba continue d’avoir son rond de serviette chez les diffuseurs de contenus, par peur des représailles numériques d’abord, et parce qu’il y a toujours moyen d’extirper in extremis un billet du tas de purin ». Qu’est-ce que « l’industrie médiatique rap » devrait faire ? Boycotter Booba ? Pas besoin. Sa dernière interview à un média dédié à la culture Hip-Hop remonte à septembre 2022 chez Booska-P. En revanche, depuis 2022, il a été reçu chez plusieurs médias mainstreams comme France Télévision, France 24, BRUT, Le Parisien, Le Progrès et même en juillet 2022 chez… Libération. L’intrépide journaliste devait avoir piscine ce jour-là et puis il y a « toujours moyen d’extirper in extremis un billet du tas de purin » ….

Mehdi n’est malheureusement pas le seul à s’être attiré les foudres du rappeur dans « l’industrie médiatique rap ». Fred Musa de Skyrock a été anéanti en une punchline dans une chanson : « tu connais rien au son comme Fred de Sky ». Fif Tobossi, le co-fondateur du média Booska-P, lui, se fait régulièrement insulter sur les réseaux par le Duc. Enfin, le journaliste Yerim Sar a même eu droit à une plainte du rappeur pour diffamation. Cet article aurait pu être enrichi par le témoignage de ces trois personnes. Le journaliste termine son brûlot avec un dernier coup de gueule contre  » le milieu rap ».

Qui est le « milieu rap » ? Jamais il ne répond car, on s’en était douté, il s’en moque. Il existe pourtant en France une liste non exhaustive d’experts de cette culture .Angelo Gopee ? Président de Live Nation est aussi ancien et premier promoteur de concerts rap en France. Tex Lacroix ? Thibaut de Longeville ? Ils ont travaillé le marketing du rap au début des années 90. Il aurait pu aussi solliciter l’expertise de journalistes Hip-Hop. Juan Massenya, Sear de Get Busy ou Alexandre Demetrius par exemple connaissent et vivent cette culture depuis plus de 30 ans. Son ancienne collègue chez Libé, aujourd’hui au Monde la journaliste Stéphanie Binet, était-elle en RTT ? Juliette Fievet de RFI (qui a récemment interviewé Booba) a-t-elle quitté la France ?

Pour lui ce milieu est « peuplé de grandes bouches qui prône l’affirmation et la détermination de soi, il s’agirait de passer de la théorie à la pratique. » Ah, on se lâche enfin mon cochon. Voilà, nous y sommes le masque tombe. D’abord, les « grandes bouches », dont je fais partie, proposent (cordialement bien sûr) à l’auteur de « porter ses (petites?) testicules ». S’il veut en découdre avec Booba, qu’il planifie son rendez-vous à Orly. Plus sérieusement, je pense que Mehdi Maïzi en ce moment n’a pas besoin d’un aussi mauvais avocat. Enfin concernant Booba je ne laisserai pas un journaliste (qui n’a pas fait 1/10 de son travail ) nous dire comment parler de lui ou de sa musique. Les « grandes bouches » comme il dit peuvent parler, échanger, se fâcher et (qui sait ?) se réconcilier. Mais utiliser un média national pour cracher son mépris social et jeter l’opprobre sur toute une culture ? « C’est tombé si bas que pour en parler faudrait que je me fasse mal au dos. »

Une réponse à « LE DERAPAGE (contrôlé ?) de LIBÉ. »

  1. Avatar de cpasdelacom
    cpasdelacom

    Bonjour Sind,
    Très pertinent. Le journaliste Brice Miclet a-t-il répondu à tes arguments ?

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