Lors d’un reportage, il y a plusieurs années j’ai rencontré Big Noyd le troisième membre officieux du groupe Mobb Deep. Ce soir là, le photographe Bruno Pellarin, Monsieur Noyd et moi avons passé une sacrée soirée. Word to Jean-Pierre Foucault.
Vous ne connaissez pas Big Noyd ? Honte sur vous. Excusez-moi : c’est sorti tout seul. Vous ne connaissez pas Mobb Deep non plus ? Demandez à votre rappeur français favori des années 90 ! Tous à un moment de leurs carrières ont été influencé par Mobb Deep. Les thématiques, les techniques d’écriture, les fameuses instrus “pianos, violons, mélancoliques”… Tout cela vient de Prodigy et Havoc de Mobb Deep. Et bien, Big Noyd était le joker de ce groupe. Pas très technique, ni doté d’un vaste vocabulaire, Big Noyd dans les premiers albums de Mobb Deep avait toujours un couplet détonnant. Cela en fait le troisième membre officieux du groupe. Lorsque je le rencontre en 2009, Big Noyd n’a déjà plus beaucoup d’actualité mais reste malgré tout difficile à joindre. Même si à l’époque la scène hip-hop de la ville est ralentie, New York. au-delà du symbole (lieu de naissance de la culture etc) reste le centre névralgique du rap game américain. Ici, mon speech rodé (“Hi I’m writer and I work for a french hip-hop magazine”) qui dans les autres villes était mon sésame se révèle inefficace. Le rappeur type new-yorkais, même avec 14 disques vendus en 7 ans de carrière se sent toujours très très très important. Big Noyd lui a des circonstances atténuantes. Il a connu les années 90, où venir de Queensbridge était comme venir du South, chanter faux et mettre des robes aujourd’hui : un gage de succès. C’est comme ça que Noyd a signé sur le label Tommy Boy et sorti Episodes Of A Hustla un premier album avec même un petit single radio correct.
Le rendez-vous est finalement pris dans un petit billard dans le Queens. Poli, mais sec Big Noyd me salue rapidement puis me bombarde de questions comme pour me déstabiliser. « Quel est le tirage du magazine ? » « Il y a-t-il un site web ? » « Tu signes sous quel nom ? » « Qui as-tu déjà rencontré ? » « Est-ce que le photographe a des lumières ? » Les formalités enfin évacuées Noyd baisse un peu sa garde. Ainsi lorsque j’évoque son quartier le project de Queensbridge il relativise : « C’est ruff mais ce n’est pas l’Irak non plus !” Pourtant dans son célèbre titre “Survival Of The Fittest”, Prodigy commence son couplet par “There is war going on outside”…Big Noyd sourit. “Ce n’est que de la musique. Crois-moi à mon époque personne ne voulait devenir Frank Lucas : on aimait plus Spudd Webb ou Dominique Wilkins. On connaissait des gars qui étaient ‘dedans’ mais cela n’a jamais été notre truc. Tous -Havoc son grand frère Killa Black, Littles, The Twins (Gambino et Scarface mon meilleur ami), Ty Nitty et Stovo- nous écrivions déjà des rimes pour nous amuser. On tapait sur les murs pour faire des beats. ” Big Noyd on le voit a dépassé le stade de la posture.
Après une demie-heure d’interview, Big Noyd sort de son blouson une bouteille d’Hennessy déjà bien entamée. Ce n’était donc pas mes pertinentes questions qui l’ont détendu…. Noyd décide que l’on peut terminer l’interview en jouant au billard. Why not. Sauf que “Rasta Boy” (le surnom de la soirée pour le photographe Bruno Pellarin aka Brounch) est aussi habile avec une canne qu’avec son objectif. Toujours souriant et avec sa décontraction habituelle, Brounch bat Big Noyd à plate couture ! N-O-Y-D n’est pas mauvais perdant et nous emmène finir la soirée dans un petit bar du Queens. Apparemment il a ses habitudes ici et on a droit à une nouvelle tournée d’Hennessy la boisson favorite des rappeurs des 90’s. Brouch est content, Noyd complètement soûl m’appelle “Big Man” et je peux l’appeler “son”. Je ne suis pas ivre, déjà sur un petit nuage et mon heure de gloire va arriver… Le DJ lance un set de Mobb Deep et au début, on accompagne timidement Noyd à côté de la piste. Mais lorsque retentit la caisse claire du tube “Burn” , lui et moi nous nous retrouvons au milieu de la piste en train de rapper à gorge déployée son couplet : « Let me tell you how it’s goin down, it’s on now, Niggas used to love me, now they wanna hate me now… ». Le kiff ! Je vous l’accorde, Big Noyd n’est pas le rappeur le plus populaire du rap game mais lorsqu’on a passé son adolescence à écouté Mobb Deep cela représente beaucoup « son ».
3 réponses sur « LE JOUR Où J’AI « RAPPé » AVEC BIG NOYD. »
[…] Shook Ones Pt2 Petit flashback. En Belgique, au début des années 90 nous avions déjà MTV et donc l’émission Yo MTV Raps. La première fois que j’ai vu Mobb Deep c’était avec le clip Peer Pressure tiré de leur premier album Juvenile Hell. Je n’étais pas impressionné par le duo. A l’époque je les plaçais au même niveau que Da Youngsta’s, sans plus. Quand l’album et son single Shook Ones sont arrivés ? Une gifle. Tout a changé. Je voulais porter des Timbs et un blouson Avirex, je rappais par cœur (en yaourt) le couplet de Prodigy et je voulais absolument me rendre à Queensbridge. […]
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Killa Black n’est pas le grand frere de Havoc mais son petit frere
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[…] en 1987 : Boogie Down Production de KRS One du Bronx vs le Juice Crew de Marley Marl et Mr Magic de Queensbridge. Ce qui me marque le plus c’est que KRS One choisisse de prendre un accent […]
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