
Ce 14 février je suis parti à l’avant-première du film Le Marchand De Sable. On ne m’a rien demandé mais je vous donne malgré tout mon point de vue !
- DÉCOUVRIR MOUSSA MANSALY
Oubliez « Validé » ! Cette série qui (il faut l’admettre) l’a fait connaître auprès du grand public n’est pas représentative de son travail. D’abord, Sam’s alias Moussa Mansaly a plus de dix ans de carrière au mic. Ainsi moi, j’ai découvert Sam’s lorsqu’il était affilié à Youssoupha et signé sur le label Boma Ye Musik aux environs de 2013.
Ces dernières années j’ai appris à mieux connaître et apprécier la musique de ce grand gaillard à la bonne humeur communicative. Au cinéma Sam’s roule sa bosse depuis également une dizaine d’années mais principalement dans des rôles secondaires. Avec Le Marchand de sable il est pour la première fois en tête d’affiche. Moussa Mansaly incarne avec une grande sobriété l’antihéros Djo. Il n’y a pas d ‘esbroufe dans le jeu de cet ancien footballeur. Moussa Mansaly est solide sur ses appuis et il se dégage chez son personnage à la fois de la maladresse et de la force. Il interprête un jeune père célibataire qui vit dans l’appartement de sa mère déjà encombré d’ oncles, tantes, neveux et nièces. Dès les premières minutes tout bascule lorsque l’une de ses tantes, interprétée par Aïssa Maïga, de Côte d’Ivoire débarque chez eux. Comme personne ne veut l’héberger, Djo désemparé, cherche une solution pour la loger et devient presque malgré lui marchand de sommeil.
2. LE MEILLEUR RÔLE D’AÏSSA MAÏGA ?

On ne présente plus Aïssa Maïga. Elle fait partie de la poignée d’actrices noires françaises que l’on voit régulièrement à l’écran. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de voir toute sa filmographie. Mais tant pis, je me lance : c’est son meilleur rôle ! Dans Marchand De Sable Aïssa Maïga n’a pas besoin de « cabotiner » pour nous convaincre. Tout passe par son regard constamment triste mais digne et son léger sourire résigné. Elle est bouleversante quand on la voit se satisfaire d’un logement minuscule où son personnage et ses enfants s’entassent et se marchent littéralement dessus. Magnifique.
3. LA REALISATION DE STEVE ACHIEPO

Acteur de formation, le réalisateur Steve Achiepo est un homme noir. Dans le meilleur des mondes on ne devrait même pas l’indiquer. J’insiste un petit peu parce que dans notre cas cela sert vraiment le film. Selon moi, c’est une des raisons pour laquelle on échappe aux clichés gênants dans Le Marchand De Sable. D’abord, il montre à travers ses personnages que la communauté des « Noirs de France » n’ est pas un bloc monolithique. Lors des premières minutes avec une longue séquence très réussie de la réunion de famille il présente les différents « profils ». On découvre la matriarche de l’appartement, les tontons et tantines sans papiers, les soeurs « intégrées », le fils et son ami du « quartier » et la tante fraîchement arrivée du « bled ». C’est très habile de sa part (et aussi un beau symbole) de les voir tous dans une petite pièce en train de danser ensemble. Ensuite, Steve Achiepo pose un regard acéré, sur la situation du logement en France. Ici aussi, il n’y a pas de manichéisme avec les « Blancs cupides et capitalistes » d’un côté face aux « Noirs-avec le coeur sur la main » de l’autre. Et oui, l’intrigue démarre parce que la mère du héros refuse de loger chez elle (et donc de mettre à la rue) une « tantine » et ses trois enfants ! Au contraire on est confronté au plus prés des cas de conscience des assistances sociales, du racisme ordinaire des agences immobilières et des propriétaires, de la cupidité des marchands de sommeil, de l’impasse des familles sans-papiers et du désarroi des sans-abris et des mal logés. Enfin, au milieu de ces lourdes problématiques Steve Achiepo parvient à distiller un peu de douceur. Les petits moments tendres entre le héros Djo et sa fille ou les conversations courtes et les longs regards entre lui et Augustine la petite fille albinos donnent un peu de respiration au film.
4. LES SECONDS RÔLES
Bruno Magimel dans le rôle du proprio véreux , Ophélie Bau l’assistante sociale, Mariama Gueye qui interprète la soeur, l’incroyable Mamadou Minte alias Colonel…. Tous servent avec brio la fresque peinte par Steve Achiepo.
5. LA LUMIÈRE SUR LE FLÉAU DU MAL LOGEMENT
Le Marchand De Sable est une plongée suffocante dans l’univers du mal-logement et de l’habitat précaire. Ce n’est évidemment pas un hasard si ce long métrage est soutenu par la Fondation Abbé Pierre. Le réal filme très bien ces familles et ces gens brisés et surtout les conditions inhumaines dans lesquelles ils vivent. Blancs, Noirs, jeunes, vieux, sans-abris…. Le réal montre bien que dans cette situation, ils ne sont plus qu’un amas de corps, sans couleurs, ni identités. Le film n’est jamais moralisateur et montre intelligemment que les responsabilités sont partagées par nous tous.
2 réponses sur « 5 BONNES RAISONS DE COURIR REGARDER « LE MARCHAND DE SABLE » »
C’est super bien écrit. Ça me donne envie d’aller le voir même si ça va me fendre le cœur 😢
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Essimi m’a incité, là, ça donne encore plus envie…
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