
Le 14 avril dernier Shawn Carter s’est produit à la Fondation Louis Vuitton. 1 500 fans, quelques stars prestigieuses et votre serviteur ont pu y assister. Concert ‘pas Hip-Hop’ , le show, le remix inédit d’Empire State Of Mind avec Gil-Scott Heron, la relation avec LVMH…. On ne m’a rien demandé mais je vous dis malgré tout ce que je pense de ce move de Jay-Z
- « Jay-Z est à Paris…. »
C’est la rumeur qui tournait dans la ville ce début de mois d’avril. Cela a démarré avec « Jay-Z accompagne Beyoncé qui travaille sur la suite de Renaissance ». Puis « Beyonce s’entraîne à Bercy pour son stade de France ». Jusqu’à finalement la plus plausible : « Jay doit faire un show privé pour le vernissage de l’expo Basquiat x Warhol présentée en ce moment à la fondation Louis Vuitton à Neuilly. » Avant que les artistes américains débarquent à Paris tous les 3 mois pour les fashions weeks (plus ou moins avant 2010) l’annonce de leurs présences (hors promo gérée par les labels) était souvent précédée de « chuchotements. » L’exception à cette règle (dès 2009, je parlais de lui ICI ) était le compositeur et interprète Ryan Leslie. Ensuite il y a eu évidemment Kanye qui dès 2010 était dans notre belle ville pour enregistrer Watch The Throne et travailler dans la mode. Bref. Là, le chuchotement s’est finalement confirmé lorsque j’ai appris que Young Guru l’ingé de Jay et Larrance Dopson étaient dans la ville.
2. Les Avengers au studio.
12 avril. 22h. Villetaneuse, dans le 9.3 au studio Midlive. C’est le branle-bas de combat. Les deux immenses cabines d’enregistrement vintages en bois sont investies par les « Avengers » du Hip-Hop US et quelques français. Young Guru, le célèbre ingé et DJ de Jay-Z est isolé dans un coin devant son ordinateur. Il n’a pas de casque et on entend donc des parties du set de Jay. Le français DJ Moody Mike venu rencontrer les musicos nous explique que Guru est en train de faire le « filage » du show : en gros il joue le set en entier. Tout aussi studieux, mais plus détendu, le californien Larrance Dopson donne des instructions au téléphone. « Rance », une figure de la west coast (pas étonnant que le talentueux Aelpeacha soit présent) est entre autres directeur musical de Beyoncé (il a supervisé le récent show de Queen Bey à 24 millions à Dubaï) et Victory Lap du regretté Nipsey Hussle. Je croise le grand guitariste Chris Payton et le batteur Quintin Gulledge qui a travaillé avec des artistes aussi différents que Ty Dolla Sign, Leona Lewis ou Trippie Redd. Je parle avec le saxophoniste Kenneth Walum qui pour se présenter me glisse » tu as dû m’entendre sur Roc Boys ou dans Swimming l’avant dernier album de Mac Miller« . « Humble stunt » comme disent les Américains…Affables et souriants, ils restent tous très concentrés : dans 48h ils doivent accompagner sur scène l’auto proclamé « Best Rapper Alive ».
3. Jay-Z sur scène.
14 avril. Jour J. 20h30. Il y a autour de l’imposante Fondation Louis Vuitton à Neuilly une énergie inhabituelle. ça sent le Hip-Hop. A l’exception de Kanye Le Felon (encore lui!) Jay est le premier rappeur à se produire là-bas. Dès la file d’attente je croise des visages familiers (Alexis Onestas, François Cusset, Paps Toure, Massaër Ndiaye…) et d’autres moins. Fally Ipupa, Rick Rubin (je n’ai jamais pensé que ces deux noms seraient un jour dans la même phrase), The Dream, Jay Brown le numéro 2 de Roc Nation et…Tyran Smith, alias Ty Ty le meilleur ami de Jay, co-fondateur de Roc Nation et ancien manager de Rihanna. Depuis Reasonnable Doubt (« Can’t stop I, from drinkin Mai Tais, with Ty Ty« ) on entend parler de lui dans les titres de Jay. J’ai demandé une interview et j’ai eu droit à un sourire poli qui voulait dire : « jamais » ! Au moins j’ai eu ma photo….
21h. Show time. On entre enfin dans l’auditorium. C’est un écrin qui doit je cite « refléter la diversité et vitalité du monde de la musique » . Bon. C’est surtout assez petit avec un très haut plafond et une scène plantée au milieu de la pièce. Je sais et je sens que je vais me régaler parce que Jay-Z est fort en live. La première fois que je l’ai vu c’était il y a vingt ans au Zénith de Paris avec Bleek qui faisait ses backs et The Clipse en première partie. What a time to be alive ! Il ne m’a jamais déçu depuis. Jay n’est pas au niveau des monstres (comme Busta Rhymes ou Meth & Red) et n’a pas l’énergie (il n’est pas dans le même registre) des plus jeunes artistes comme Kendrick ou Travis Scott. Hov, pour citer le défunt Guru de Gangstarr c’est « mostly the voice ». Lorsqu’ il rappe ses premiers titres (Can’t Knock The Hustle, Can I Live, Excuse Me Miss) dont certains ont presque 30 ans (RD est sorti en 96) c’est le plus flagrant. En revanche, le fringuant monsieur de 53 ans a pris une autre dimension. Il le sait. Alors lorsqu’il débarque en costume, entouré de ses Avengers des deux côtés de la scène, il brandit simplement le signe du diamant. C’est suffisant pour avoir une réaction du public chauffé à blanc. Sans trop en faire, tant dans le body language (les petits disent la « gestu ») que le dialogue avec le public Jay-Z est « cool ». Sa définition de « cool » est « détaché » mais confiant et toujours concentré. Les Avengers surtout aux cuivres (sur U Dunno) et à la batterie (sur Hovi Baby) eux sont déchaînés. Enfin, on a eu droit à des versions revisitées de morceaux peu populaires (Thank You d Blueprint 3) et du tube Empire State Of Mind.
4. Un remix inédit de Empire State Of Mind
Je n’aimais pas l’original et je n’aime pas ce remix. Sorti deux jours après le concert ce remix produit par Omar Edwards même en live ne m’a pas convaincu. Deux seuls points positifs : un, on entend mieux les lyrics et deux, la famille de Gil Scott Heron devrait recevoir un joli chèque.
5. Un concert de rap a-t-il sa place chez Louis Vuitton ?
Oui. Tout dépend de l’artiste bien sûr. Immortal Technique ce serait étrange mais Jay-Z en concert « chez’ Bernard Arnault PDG de LVMH l’homme le plus riche du monde selon Forbes (211 milliards de dollars ) n’a rien de surprenant. Qui connaît un tout petit peu, la musique et le discours de Shawn Carter ne peut pas être surpris. Ensuite, monsieur Carter et le géant français du luxe sont « partenaires » depuis un petit moment. En 2017 Marcy Venture Partners le fond d’investissement de Jay-Z et LVMH étaient parmi les investisseurs de Fenty. Quatre ans plus tard LVMH a racheté 50 % des parts du champagne de Jay-Z Armand de Brignac plus connu sous le nom de « Ace of Spades » . La même année pour sa campagne intitulée “About Love”, le joaillier new-yorkais Tiffany & Co (propriété de LVMH) avait choisi Jay-Z et Beyoncé comme égérie. Enfin, certains sur les réseaux se sont offusqués du prix du ticket :140 euros. Sachez qu’il n’est pas si excessif que ça. A titre de comparaison (et sans jugement de valeurs) ce 21 mai, il faudra débourser 95 euros pour voir chanter Aya Nakamura à Bordeaux. Là, c’était le premier concert de Jay-Z en quatre ans entouré des meilleurs musiciens dans un cadre original et intimiste.
2 réponses sur « 5 POINTS : JAY chez LV. »
T’as oublié de dire que y’avait BOSS aussi au Zenith 😉
J’aimeJ’aime
Ah ouais ? J’ai complètement oublié !
J’aimeJ’aime